La levée de fonds est souvent perçue comme un objectif à atteindre dans l'esprit des entrepreneurs. Pourtant, ce n'est qu'une étape de parcours et ne s'avère pas nécessaire dans tous les cas. Pierre-Henri Deballon, co-fondateur de Weezevent, vous donne des conseils pour rester maître de votre levée de fonds.
Pouvez-vous vous présenter en deux lignes ainsi que votre entreprise ?
Pierre-Henri Deballon, je suis co-fondateur de Weezevent, une solution de billetterie en ligne et cashless à destination de tout type d’organisateur. La solution compte aujourd’hui plus de 160 000 organisateurs d’événement dans tous les secteurs : musique, professionnel, culturel, sportif, food… Nous sommes présents dans 5 pays en Europe et comptons 70 collaborateurs.
Quelles sont les 3 qualités à réunir pour convaincre les investisseurs de la viabilité d'un projet ?
Je pense qu’il faut être habité par sa vision, avoir un début de preuve et être très honnête tant sur la situation à date que sur les difficultés qu’on va être amené à affronter.
Comment mettre en valeur l'aspect novateur d'un projet pour mettre en confiance les investisseurs ?
Plus que l’aspect novateur, je pense qu’il faut mettre en l’avant l’adéquation de la proposition de valeur du projet avec les attentes exprimées ou sous-jacentes des potentiels clients.
Quelle serait une erreur rédhibitoire lors de la levée de fonds ?
De s’adresser aux mauvais interlocuteurs : aller voir un fonds qui investit des tickets de X millions quand vous avez besoin de 100 000 euros est une perte de temps et d’énergie. Il faut trouver à chaque étape les investisseurs qui visent votre besoin d’investissement.
Quand et pourquoi faut-il lever des fonds ?
Il faut lever quand on n'a pas besoin de l’argent pour être en position de force dans la négociation, et notamment sur le pacte d’actionnaires.
Avez-vous une anecdote à nous faire partager sur votre levée de fonds ?
Avec Weezevent on a échoué à faire entrer des business-angels à hauteur de 50 000 euros, et aujourd’hui on a des fonds internationaux prêts à investir des dizaines de millions d’euros dans Weezevent, mais nous n’avons plus besoin de leur argent.
Comment avez-vous géré l'entrée de nouveaux collaborateurs dans l'entreprise après le succès de votre levée de fonds ?
De la même façon que précédemment, la seule chose qui a changé est certainement le regard porté par les candidats sur la société, qui dégage plus de confiance après avoir levé de l’argent.
Votre levée de fonds vous a-t-elle permis d'atteindre les objectifs que vous vous étiez fixés ?
Oui et non : avec recul on aurait dû rester en autofinancement. On aurait pu, d’un point de vue financier. Après en terme de maturité cela a aidé à passer un cap, et c’est aussi essentiel.
Conseillez-vous de modifier son business plan à chaque rendez-vous avec des investisseurs ?
Evidemment non, le BP et donc la vision et sa mise en oeuvre doivent être quelque chose d’indépendant de l’avis des investisseurs. On parle souvent de smart-money -l’idée selon laquelle tel ou tel investisseur changerait la face d’un business- j’imagine que cela peut arriver, mais la réalité c’est qu’on lève des fonds pour l’argent, le reste est souvent de la cosmétique et au mieux une bonne surprise. A mon avis rien de pire que d’avoir un investisseur frustré de ne pas être entrepreneur dans son board...
Avez-vous des conseils pour de jeunes entrepreneurs qui souhaitent se lancer et lever des fonds ?
Travailler votre proposition de valeur avant de travailler la levée de fonds, car une augmentation de capital, c’est un moyen et pas un objectif.
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