Réussir sa création d'entreprise sans business plan

Et si le business plan ne servait à rien ? Une étude de la Babson School montre que les entreprises ayant réalisé un business plan échouent autant que celles n'ayant pas rédigé de business plan ! Alors pourquoi perdre son temps ? C'est tout l'objet du livre de Claude Ananou, "Réussir sa création d'entreprise. Sans business plan. En construisant son opportunité. En travaillant son intuition. Avec les approches IDéO et SynOpp. " Claude Ananou enseigne et coordonne les cours d'entrepreneuriat à HEC Montréal. Il a créé plus d'une dizaine d'entreprises. Fort de son expérience, il a mis au point une nouvelle méthode qui remet en cause le business plan : la méthode SynOpp. Découvrons cette méthode SynOpp dans cet article.
Le business plan : une création des financiers
Claude Ananou fait remarquer de manière fort intéressante que ces grandes entreprises ont en fait copié les plans quinquennaux de... l'Union Soviétique ! Ainsi, les business plans seraient un héritage de l'URSS !
Premier grief contre le business plan: de la certitude dans un monde d'incertitude
Claude Ananou propose alors de ne pas chercher des certitudes mais un confort dans ces incertitudes. L'entrepreneur devrait analyser sa sensibilité à la perte. Un projet n'est pas plus ou moins risqué. Un entrepreneur est prêt à prendre plus ou moins de risque. La nuance est importante. L'entrepreneur devrait avancer par tâtonnement, en essayant sur le terrain plutôt que de conjecturer des résultats hypothétiques dans un business plan.
La méthode Synopp plutôt que le business plan
Ainsi, dans la méthode Synopp tout part du client. La première étape consiste à chercher les "accros", ces clients dont l'entrepreneur pense qu'il sera facile de leur vendre le produit. Plutôt qu'une étude de marché, vous devez aller les rencontrer. Si vous ne parvenez pas à les convaincre soit vous devez changer le produit, soit arrêter, soit ce n'étaient pas les bons clients . Mais au moins vous pouvez avancer votre réflexion sur quelque chose de tangible.
La méthode Synopp est ainsi constituée de 7 étapes. On ne passe pas à l'étape suivante si l'on n'a pas réussi à réussir l'étape précédente. Chaque étape est décomposée en trois sous segments RDA: réflexion ,décision, action. Ainsi pour chaque étape, on est obligé d'avancer en faisant des allers retours entre la théorie et le terrain. L'objectif est de mettre le porteur de projet sur le terrain dès le début. Comme le souligne assez justement Claude Ananou, "écrire une recette de cuisine ne signifie pas que vous saurez cuisiner quelque chose de bon."
Une méthode plus motivante ?
Il faut le reconnaître, rédiger un business plan, n'est pas toujours motivant. Avec la méthode Synopp, on alterne les phases de réflexion et d'action. La méthode traditionnelle de rédaction du business plan oblige à réfléchir puis à passer à l'action. La méthode Synopp permet de voir au fur et à mesure si l'on est la bonne personne, si le projet et le bon, quitte à arrêter en cours de route.
Critique de la méthode Synopp
-
Pour convaincre une banque, vous aurez toujours besoin du business plan
-
Pour convaincre un financeur vous aurez toujours besoin d'un business plan
-
Qui a dit qu'il fallait d'abord rédiger un business plan avant d'aller sur le terrain ? Personne et encore moins nous ! Dans notre modèle de business plan, la première chose que nous disons c'est... de ne pas rédiger de business plan mais de lancer rapidement un prototype et partir à la rencontre des clients; Ce n'est qu'après cette phase que la rédaction du business plan vaut le coût.
-
Les entrepreneurs et académiciens ont peut être une mauvaise vision du business plan. Le business plan n'est pas un document figé que l'on fait à un moment donné et qu'on laisse au placard. Non c'est un processus itératif. En début de projet, il est même inutile de rédiger un business plan de plus de 4 pages. Allez sur le terrain récolter des informations. Puis quand le projet prend forme, commencez à rédiger votre business plan pour structurer votre démarches sur du concret et pour lever des fonds.
Conclusions
La méthode SynOpp me paraît parfaitement adaptée à des entrepreneurs qui en sont au stade de l'intuition. Je la recommande même vivement. Mais la mettre en opposition du business plan me paraît être une erreur. Le business plan est complémentaire de cette méthode. Il vient après avoir réalisé ces différentes étapes, au moment de structurer le projet et de lever des fonds importants. En tout cas, cette méthode, venue du Canada et recommandée par l'APCE a le mérite de faire bouger les choses et de rappeler que le plus important chez un entrepreneur ce n'est pas la réflexion mais l'action.
Ajouter un commentaire