Le blog des entrepreneurs Ouvrir un centre de foot à 5 : pourquoi ce n’est pas rentable?

Votre centre de foot à 5 peut-il un jour être profitable ?

Que ce soit entre amis ou entre collègues, nous avons tous déjà testé le foot à 5 indoor. En tant qu’entrepreneur, l’idée d’ouvrir son propre centre paraît être bonne idée au premier abord. Cet article va vous démontrer qu’il est facile d’ouvrir un centre de foot à 5 mais qu’il est très difficile d’y ajouter l’adjectif  “rentable”.

« Je pense qu’ouvrir un centre de foot à 5 est une bonne idée parce que je pourrai mêler mon travail avec ma passion pour le foot »

Le football est le sport le plus pratiqué au monde. La France n’échappe pas à cette généralité et la passion pour le ballon rond ne se limite pas aux grands rectangles verts de 105 x 68 mètres.
En effet, tout amateur de football a déjà testé au moins une fois dans sa vie le foot à 5 indoor, activité beaucoup plus accessible, été comme hiver.
Du point de vue entrepreneurial, en voyant bien que le nombre de pratiquants de foot à 5 est en augmentation constante, l’idée d’ouvrir son propre centre de foot à 5 paraît comme viable et rentable de premier abord.
Cet article va vous démontrer qu’à moins de trouver un équilibre parfait entre de nombreux facteurs, ouvrir son centre de foot à 5 n’est pas rentable, que l’on soit un grand passionné de foot ou non.

 

Histoire du foot à 5:

Descendant direct du Futsal brésilien né dans les années 1940, l’arrivée du foot à 5 en Europe date des années 1990. L’Angleterre est le pionnier et le premier pays européen en terme de pratiquants, on en compte plus de 6 millions et la seule ville de Londres loge plus de 20 centres.

Quid du marché français :

A. Chiffre clés du marché

Arrivé en France au début des années 2000, le foot à 5 compte environ 2 millions de joueurs, un chiffre en augmentation constante ces dernières années, là où le nombre de licenciés de la FFF chute depuis 2010.

Le marché est composé principalement de 2 grands noms : Soccer Park Le FIVE (LE FIVE a racheté Le Temple du Foot et Soccer Park) et dont 2/3 des centres sont sous franchise et Urbanfoot fondé en 2005 (qui a racheté Soccer Five en 2014 pour devenir le leader actuel du marché en nombre de terrain). Ces deux groupes cumulent une quarantaine de centres chacun.

A ce jour, la France compte 2 fois plus de centres qu’en Angleterre pour 3 fois moins de pratiquants. Il y a pas moins de 210 centres sur le territoire français. La culture du foot à 5 n’est pas encore aussi bien implantée qu’en Angleterre. La FFF prévoit tout de même que le nombre de footballeurs à 5 va doubler d’ici 2025 pour atteindre 4 millions.

B. UN MARCHE SATURE

Les deux enseignes précédemment citées ont ouvert des centres en dehors des frontières françaises (en Belgique, à Barcelone etc.). Encore une fois d’un point de vue entrepreneurial, nous pourrions nous dire que ce business est tellement juteux qu’il permet même de se développer à l’international. La réalité est tout autre : si les leaders actuels cherchent à se développer hors de nos frontières c’est que le marché français est saturé, les opportunités se rarifient.
Depuis 2011, le marché est devenu trop concurrentiel et plus de 30 centres, tous gérés par des indépendants, ont fait faillite.
Si l’intensité concurrentielle de ce marché ne vous effraie pas quant à l’idée d’ouvrir votre centre de foot à 5, prenez tout de même le temps de lire les éléments suivants afin de ne pas vous retrouver hors-jeu.

Être un jour rentable dépend d’un équilibre rare et fragile.

 

Première chose à faire : trouver des locaux, bien situés, pas trop chers

L’option long terme est d’acheter un terrain et d’y construire le centre, le coût peut facilement dépasser les 1 000 000€.
L’option la moins onéreuse est de signer un bail et d’effectuer un aménagement. En moyenne ce coût est de 600 000€ (hors bassin parisien).

1- Votre loyer :

Avec la masse salariale, le loyer représente la charge mensuelle la plus importante. Il dépend de la localisation et de la superficie des locaux.

  • Localisation des locaux : la plupart des centres se trouvent actuellement dans les grands bassins, souvent en zones industrielles, en banlieue. Plus la densité démographique est élevée plus il y a de clients potentiels mais plus le coût au m2 est élevé.
  • Superficie : les centres actuels disposent en moyenne de 5 terrains (jusque 10 pour les gros complexes) avec une moyenne de 3000 m2.

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Le calcul est simple :                                    + revenus
+ de terrains =
+ loyer

Dans une zone démographique à forte intensité, l’équation n’est pas exactement la même :
+/- revenus
                                        + de terrains =
+ loyer

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Entre en jeu le facteur suivant.

2- Le taux de remplissage des terrains

Ce chiffre est le plus important dans son calcul prévisionnel de rentabilité. Il est directement lié encore une fois à la superficie et à la localisation des locaux.
De manière générale, un terrain de foot à 5 est réservable 84h/semaine (12h/jours). Ils ne sont en fait occupés qu’un tiers du temps en moyenne.
D’après N. Werner, fondateur d’Urban Soccer pour être rentable « le taux d’occupation doit être d’au moins 50-60% »

Il faut aussi prendre en compte le paramètre heure creuse/ heure de pointe.
Dans le foot à 5 sont considérées comme heures de pointe : les week-ends, la semaine entre 12-14h, les soirées de 18h à 00h (voir même 2h pour certains centres de banlieue parisienne). Cela représente 59% du temps total. 4 heures sur 10 sont donc des heures creuses, les prix appliqués sont donc moindres, dans cette logique de business model, mieux vaut gagner peu que pas du tout.

Pour répondre à ce problème, certaines start-up ont été créées, permettant d’aider les centres à remplir leurs terrains en heures creuses avec un outil permettant de rassembler des joueurs ne se connaissant mais désirant jouer. Le succès de ces applications est pour le moment encore mitigé.

3- Les activités annexes : les négliger équivaut à se tirer une balle dans le pied

Actuellement 33% du CA des centres de foot à 5 est réalisé en dehors des terrains. Les activités annexes sont composées en général d’un espace de restauration, bar , snack, avec des TV et autres baby-foot où l’ambiance lounge doit permettre aux clients de pouvoir patienter ou se reposer dans une bonne ambiance le tout en consommant une boisson ou un snack.

Arriver à créer ce genre d’ambiance nécessite un investissement et un entretien plus conséquent qu’une buvette de stade, beaucoup d’indépendants sous-estiment ces charges dans la création de leur prévisionnel financier ce qui entraîne par la suite des problèmes de trésorerie.

4- Revenus annexes : tout le monde ne peut se faire sponsorisé par Nike ou Pepsi

Les leaders du marché de foot à 5 ont développé des partenariats commerciaux avec des équipementiers et autres enseignes alimentaires. En tant qu’indépendant, il est difficile d’avoir la même exposition et de ce fait nouer ce genre de partenariats est beaucoup plus compliqué.
Cette source de revenus, assez conséquente pour les « gros poissons » du foot à 5 ne s’appliquerait donc pas à un indépendant, en tout cas à court-terme. Ce serait une erreur d’inclure ce type de revenus dans son prévisionnel.

 

Conclusion

Dans la période faste, il fallait aux grands du secteur attendre 3-4 ans pour entrevoir un résultat d’exploitation positif. Ce chiffre s’est alourdi à 5-6 ans avec l’accroissement de la concurrence. En tant qu’indépendants ces chiffres sont amenés à grossir encore plus. Cela est évidemment valable seulement lorsque le centre est bien géré. Dans le cas contraire ne vous attendez pas à revoir la couleur de vos investissements.

Ce marché est très concurrentiel, pour être rentable les facteurs sont nombreux et nécessite un certain équilibre qui reste difficile à atteindre:

  • S’implanter dans une zone de chalandise suffisant large, où il n’existe pas déjà de concurrent direct, facile d’accès,
  • Avoir une trésorerie de départ suffisante pour amenager un local (terrains, espace lounge, vestiaires), payer les premiers loyers et salaires,
  • Avoir un nombre suffisant de terrains pour réaliser un chiffre d’affaire permettant de couvrir toutes les charges,
  • Remplir ces terrains  50-60% (?) du temps
  • Ne pas sous estimer les activités annexes ( créer un cadre convivial coûte de l’argent)
  • Espérer décrocher des sponsors au bout de quelques années.
  • Enfin, et surtout, ne pas faire la traduction automatique entre sa  passion pour le foot et ses capacités à gérer une entreprise.
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