Vous gérez une entreprise et employez un ou plusieurs salariés ? Et si vous leur offriez de bénéficier de vacances illimitées ? C’est l’idée qui a été mise au point par la société Popchef, spécialisée dans la livraison de plats “maison”. François Raynaud de Fitte est l’un des co-fondateurs de Popchef. Dans cette interview, il répond à nos questions sur le concept de vacances illimitées au sein de son entreprise.
Pourquoi ce concept de vacances illimitées ?
Simplement en choisissant d’appliquer à nos salariés les mêmes règles qu’à nous-mêmes. En tant qu’entrepreneur, on ne compte ni ses heures ni ses vacances. On les prend quand on en a besoin, ou quand l’opportunité de partir se présente, sans faire de savant calcul sur les RTT ou sur le nombre de jours posés. Nous avons décidé d’appliquer cette même flexibilité à tous : chacun part quand il le souhaite, travaille aux heures qui l’arrangent, du moment qu’il parvient à assurer une continuité durant son absence, et que les objectifs sont atteints. Nous sommes orientés résultats plutôt qu’heures de travail.
Quel intérêt pour une entreprise ?
Nous luttons contre la perception traditionnelle du « Patron », mot issu de Pater en Latin, soit la figure du père. C’est une vision dépassée. Chez Popchef, nous prônons deux valeurs essentielles : la liberté et la responsabilité. Nous souhaitons recruter les meilleurs profils, s’épanouissant dans un environnement libre et responsabilisant. Nous fonctionnons 100 % à la confiance, et ça marche.
Ainsi, l’intérêt pour nous réside dans une plus grande responsabilisation du salarié, et donc un plus grand désir de bien faire. C’est également une source de bonheur au travail, et, in fine, de productivité. Comme la plupart de nos salariés sont profondément passionnés par le projet que nous partageons, nous ne craignons pas les abus. La décision d’un salarié passionné va toujours dans le sens de l’intérêt de l’entreprise.
Le concept de vacances illimitées est une pratique qui est déjà très répandue aux États-Unis et qui a fait ses preuves dans plusieurs startups. Certains groupes commencent également à s’y intéresser. Sans aucun doute les entreprises y gagneraient dans la démocratisation de ce droit.
Vous pensez donc qu’il est important de donner plus de droits aux salariés pour les responsabiliser ?
Nous préférons responsabiliser nos équipes sur leurs objectifs plutôt que sur les horaires. Faire une sieste quand on est fatigué c’est dans l’intérêt de l’entreprise, de la même manière que ça l’est de partir en vacances régulièrement. À l’inverse, partir en vacances alors que ses objectifs ne sont pas réalisés et sans avoir assuré une continuité pendant son départ, cela nuirait à Popchef. C’est cela le principe de responsabilité : la capacité d’arbitrer entre les activités que l’on souhaite faire et l’intérêt de l’entreprise.
Les vacances illimitées vont de pair avec une culture d’entreprise axée sur la transparence et la responsabilisation complète des collaborateurs. Par exemple, nous donnons un accès complet aux chiffres de l’entreprise : CA réalisé, marge, bénéfices et pertes chaque jour, trésorerie… nous avons minimisé les strates de management de façon à ce que chacun soit responsable entièrement d’une partie de l’entreprise. La conséquence est très nette : un salarié responsabilisé est un salarié bien plus efficace. C’est aussi un salarié avec plus de pression, mais plus épanoui dans son travail, et qui ressort avec une expérience autrement plus enrichissante. C’est gagnant pour tout le monde.
